Monsieur le ministre,

Au moment où le Québec s’interroge sur l’intégration des nouveaux arrivants, un programme de formation et d’insertion à l’emploi pour femmes immigrantes risque de fermer ses portes, après quatre années d’investissement et  d’efforts soutenus. Parce qu’il ne trouve plus de financement gouvernemental.

Je voudrais vous parler d’Aïcha, de Marie-Carmelle, de Marie-Lourdes et de Nadège.  Ces femmes ont décidé de relever un défi redoutable : s’engager dans un processus exigeant de formation  afin d’obtenir une reconnaissance professionnelle et un emploi de préposées aux chambres dans de grands hôtels de Montréal. Elles l’ont fait au cours d’une formation de 13 semaines chez Service d’entretien Pro Prêt, dans le quartier Rosemont. Aujourd’hui, elles occupent des emplois majoritairement syndiqués et reçoivent des salaires variant entre 12 et 18 dollars l’heure.

Savez-vous, monsieur le Ministre, combien coûte ce programme d’insertion par femme participante?  Un petit cinq mille dollars.  Au moment où l’industrie hôtelière, à Montréal, est à la recherche de personnel qualifié, n’est-il pas aberrant de mettre fin à ce programme?

L’organisme Service d’entretien Pro Prêt est à la veille d’annoncer la mort de la formation de préposées aux chambres parce que tout financement lui est désormais refusé. Dans tous les ministères concernés, on lui dit que le travail accompli est excellent mais que le gouvernement doit maintenant financer de NOUVEAUX projets. On fait quoi de ceux qui ont démontré leur grande utilité?

Monsieur le ministre, vous préparez un budget dont les conséquences seront énormes pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois. Vous devez prendre en compte les besoins des plus mal-pris d’entre nous, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’immigrants. Vous devez soutenir les organismes communautaires et les entreprises d’insertion qui, au jour le jour, reçoivent et accompagnent des milliers de personnes en situation d’exclusion et de pauvreté. Si vous ne le faites pas, nous comprendrons alors que l’égalité et l’émancipation des femmes sont des mots que l’on aime écrire dans les textes gouvernementaux mais qu’au fond, les « vraies affaires » sont ailleurs. Peut-être dans les crédits aux minières?

 

Françoise David

 

Cet article a été diffusé dans le Devoir, le site internet de la Rue Frontenac ainsi que dans le Journal Métro

 

Votre point de vue (14 commentaires)

  1. the Ubbergeek
    Samedi 12 mars 2011 à 04 h 32

    Et la droite sème d’une main ce qu’elle prétend cependant vouloir changer ou combattre de l’autre…

  2. Hélène Morin
    Samedi 12 mars 2011 à 08 h 23

    Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement coupe ce genre de programmes. Il parle d’emploi, de sortir les gens de l’aide sociale, et quand un programme fonctionne, il y met fin. Ceux qui nous dirigent n’ont tout simplement pas d’allure. C’est pourtant son rôle de financer des programmes.

  3. Serge Leclerc alias Sergio de Rosemont
    Samedi 12 mars 2011 à 14 h 03

    @ Hélène Morin

    « Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement coupe ce genre de programmes. Il parle d’emploi, de sortir les gens de l’aide sociale, et quand un programme fonctionne, il y met fin. Ceux qui nous dirigent n’ont tout simplement pas d’allure. C’est pourtant son rôle de financer des programmes.»

    C’est simple le discours pour tenter d’endormir les citoyens espérant récolter leurs — X — aux prochaines élections

    Et l’action anti-social pour faire plaisirs aux ptits z’amis du parti et de la finance

  4. the Ubbergeek
    Samedi 12 mars 2011 à 18 h 53

    Peut être que les immigrés et BS et tout, c’est plus sexy du tout…

  5. Mario Jodoin
    Samedi 12 mars 2011 à 20 h 59

    @ the Ubbergeek

    «Peut être que les immigrés et BS et tout, c’est plus sexy du tout…»

    Cela ne l’a jamais été pour la droite au pouvoir. C’est à force de pressions que nous avons obtenu ce genre de programmes. Et c’est à force de pressions que nous pourrons les maintenir et, qui sait, en obtenir d’autres.

  6. the Ubbergeek
    Samedi 12 mars 2011 à 21 h 28

    Je craint que nous sommes dans un mode plus défense du peu que nous avons maintenant, avec le ‘onslaught hurricane’ de la droite… SURTOUT la droite libertarienne.

  7. Richard Langelier
    Samedi 12 mars 2011 à 23 h 32

    Nous vivons dans une société qui fonctionne au « glamour » (à la séduction, en bon français?). Les libéraux et bon nombre de souverainistes ont dénoncé, avec raison, le discours de Parizeau : « nous avons perdu à cause de quelques votes ethniques ». J’ose croire que le gouvernement libéral reconduira ce programme de formation et d’insertion à l’emploi pour femmes immigrantes.

    Le parti libéral a déjà été un grand parti. « Durant son mandat, le gouvernement Godbout fit adopter des lois sans précédent dans l’histoire du Québec qui accordèrent le droit de vote aux femmes en 1940, rendirent obligatoire les études scolaires jusqu’à l’âge de quatorze ans et instaurèrent la gratuité de l’éducation au primaire. Son gouvernement adopta aussi un nouveau code du travail qui affirma clairement le droit aux travailleurs de se syndiquer, et nationalisa les compagnies électriques à Montréal (dont la très influente Montreal Light, Heat and Power) pour créer Hydro-Québec, l’institution publique qui serait largement étendue par René Lévesque et le gouvernement de Jean Lesage durant la Révolution tranquille. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A9lard_Godbout

    Pour avoir cet effet « glamour », il suffit de lancer des tournures comme « personnes assistées sociales aptes au travail ». L’effet est immédiat : « ces personnes ont deux bons bras et deux bonnes jambes, si elles n’ont pas d’emploi, c’est parce qu’elles sont paresseuses ». La réalité est beaucoup plus complexe. Souvent, il suffirait de sommes minimes pour que des organismes comme Pro Prêt permettent à des personnes de gagner leur vie. Dans certains cas, l’effort est plus important. Un programme d’alphabétisation nécessite souvent de nombreuses années, mais le jeu en vaut la chandelle.

    Je partage à la fois le pessimisme de « the Ubbergeek » et l’optimisme, pardon, la croyance en l’utilité des efforts pour maintenir et améliorer les programmes sociaux à laquelle adhèrent Françoise David et Mario Jodoin. Pauline Julien citait cette phrase de Bertold Brecht : « Humaine est l’injustice, plus humaine est la lutte contre l’injustice ». Faut-il faire cette lutte, à l’intérieur d’un parti fédéraliste ou souverainiste, en participant à des manifestations, par des efforts théoriques? Il n’y a pas de livres de recettes.

  8. the Ubbergeek
    Jeudi 17 mars 2011 à 19 h 59

    The budget is ON!

    Françoise David risque d’être déçue, mais ca fesse moins que la dernière fois…..

  9. Mario Jodoin
    Jeudi 17 mars 2011 à 20 h 28

    @ the Ubbergeek

    «mais ca fesse moins que la dernière fois…»

    Pas d’accord. On garde toutes les horreurs de l’an dernier et y ajoute la hausse des droits de scolarité. Au total, c’est pire. Ce n’est pas parce que ce gouvernement a fait couler une information disant que la hausse serait de 500 $ par année que la hausse de 325 $ (pendant 4 ans, donc de 1300 $) fesse moins.

  10. Richard Langelier
    Jeudi 17 mars 2011 à 20 h 37

    @ the Ubbergeek

    Ça fesse moins que la dernière fois? Pas sûr! À 60 ans, une personne assistée sociale est obligée de demander la rente de la RRQ. Ce montant est soustrait de son chèque. Un jeu à somme nulle, à première vue. Le hic, c’est que pour le reste de ses jours, elle recevra un montant moindre de la RRQ. L’indexation se fera sur ce montant. Avec ce budget, les personnes assistées sociales obligées de demander leur rente auront pour le reste de leurs jours un chèque encore moins élevée.

    D’autres personnes perdent leur emploi à 60 ans. Parce qu’elles ont plus de 850 $ en banque (dans le cas de personnes seules), elles n’ont pas droit à l’aide sociale. Elle demandent alors leur RRQ et elles sont pénalisées pour le reste de leurs jours. On parle ici de dollars vitaux. Le gouvernement Charest considère que c’est de leur faute si elles n’ont pas d’emploi. Les gouvernements péquistes précédents avaient la même mentalité.

  11. Richard Langelier
    Jeudi 17 mars 2011 à 20 h 39

    Addendum: je m’informe pour savoir si c’est rétroactif.

  12. Richard Langelier
    Jeudi 17 mars 2011 à 21 h 04

    Lorsque j’étais membre actif de Québec solidaire, j’avais proposé, dans une assemblée locale, que la première tranche de 200 $ qu’une personne assistée sociale (60-64 ans) de son chèque mensuel de la RRQ ne réduise pas le chèque d’aide sociale. Un autre membre a précisé: « revoir l’ensemble des mesures qui réduisent le chèque d’aide sociale ». Ce fut adopté à l’unanimité, mais le congrès a voté: « abolir toutes les mesures qui réduisent le montant de l’aide sociale ».
    Ceci signifie qu’un accident de la route ou du travail qui touche 30 000$ par année a droit à l’aide sociale, mais pas la personne qui a 30 000$ de gains de travail.

    Pas facile d’être à gauche au Québec, si la rigueur intellectuelle nous intéresse!

  13. the Ubbergeek
    Jeudi 17 mars 2011 à 23 h 11

    Alors, comme disent les anglophones, ‘I stand corrected’….

  14. Mario Jodoin
    Vendredi 18 mars 2011 à 07 h 05

    «la hausse de 325 $ (pendant 4 ans, donc de 1300 $)»

    Oups, pas pendant quatre ans, mais pendant cinq ans, ce qui fait passer le total à 1625 $ au lieu de 1300 $. La rumeur d’une hausse de 500 $ parlait d’une durée de 3 ans, pour un total de 1500 $. Bref, la réalité est encore pire que la rumeur !

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